Notre avis : Je verrai toujours vos visages

Notre avis : Je verrai toujours vos visages

Nous avons eu la possibilité de voir le dernier long-métrage de Jeanne Herry, Je verrai toujours vos visages. Voici notre avis sur un film passionnant et qui rend bien la réalité du processus de justice restaurative.

Pour tous, quelqu’un commettant un délit doit payer sa dette à la société. Œil pour œil, dent pour dent et qui vole un bœuf, doit régler la note ! Mais en France, et dans de nombreuses démocraties, lorsque la Justice arrête, poursuit, juge et condamne, elle le fait non pas au nom de la communauté, mais selon les lois de la République qui ont été brisées.

Lorsqu’un auteur d’infractions sort de prison, il est coutume de dire que la dette est réglée. Pourtant, l’équilibre des forces n’est pas juste. Il manque le trait d’union, la réconciliation entre le délinquant, ses proches, les victimes, et la communauté. Il ne suffit pas de dire, « je pardonne » pour retisser les liens sociaux. Il faut une transformation profonde.

La justice restaurative travaille à confronter les deux faces du problème, pour les faire se comprendre, pour saisir le mal qui a été fait, la manière dont il a été ressenti.

Le film de Jeanne Herry présente une équipe de médiateurs professionnels formant des personnes bénévoles avant de les laisser devenir des facilitateurs en prison. Lors d’un programme se tenant sur plusieurs mois, ils mettent en présence trois citoyens blessés par des agressions et trois personnes détenues qui ont commis le même type d’infractions. Alors que les débuts peuvent être verbalement violents, la compréhension se fait au fur et à mesure des rencontres.

Les acteurs sont particulièrement bien choisis et tous montrent les émotions nécessaires pour faire avancer la reconnaissance du traumatisme physique ou psychologique de leur personnage, impliquant le besoin de résilience. En lui-même, le film est parfait, particulièrement touchant et ne tombe pas dans le pathos.

L’association À Cœur Ouvert, si elle se reconnaît dans cette présentation de la justice restaurative, situe son action en amont du processus. Les objectifs de Sycomore, c’est la compréhension de l’impact du crime, la reconnaissance des torts causés, des souffrances psychologiques infligées et la planification des actions à mener vers la restauration : restauration de tous ceux impactés par le crime et resocialisation du délinquant montrant à la société civile un réel changement d’attitude et de pensées visant à sortir du chemin de la criminalité pour le rétablissement de la paix sociale.

À Cœur Ouvert s’appuie sur le programme éducatif et citoyen Sycomore. Il vise à enseigner les principes de justice restaurative et offre une première approche vers la responsabilisation. Son but est de permettre une restauration de tous ceux touchés de près ou de loin par le crime pour favoriser la réinsertion, ajoutant le point final à la cicatrisation des blessures infligées ou reçues.  La justice restaurative ne fait pas pour, sans ou contre l’autre, mais AVEC l’autre, si cet autre accepte l’accompagnement.

Synopsis

Depuis 2014, en France, la Justice Restaurative propose à des personnes victimes et auteurs d’infraction de dialoguer dans des dispositifs sécurisés, encadrés par des professionnels et des bénévoles comme Judith, Fanny ou Michel.

Nassim, Issa, et Thomas, condamnés pour vols avec violence, Grégoire, Nawelle et Sabine, victimes de homejacking, de braquages et de vol à l’arraché, mais aussi Chloé, victime de viols incestueux, s’engagent tous dans des mesures de Justice Restaurative.

Sur leur parcours, il y a de la colère et de l’espoir, des silences et des mots, des alliances et des déchirements, des prises de conscience et de la confiance retrouvée… Et au bout du chemin, parfois, la réparation…

Sortie en salles : 29 mars 2023

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