Bernard, employé de banque.

Bernard, employé de banque.

Témoignage de Bernard, Retraité de la banque et victime de 5 braquages au cours de sa carrière professionnelle

Retraité de la banque, j’ai eu connaissance de cette expérience de « justice restaurative » lors d’un échange téléphonique avec une ex-collègue qui devait intervenir comme « victime » dans le programme Sycomore. Fragilisée par un autre évènement survenu postérieurement dans le même environnement géographique que son propre « braquage », elle craignait de ne pas pouvoir gérer la charge mentale et connaissant mes « expériences » nombreuses, Stéphanie m’a sollicité pour la remplacer. Je lui ai répondu que j’étais prêt à tenter cette expérience.

Car de mon côté, bien que n’ayant pas de pratique religieuse, je suis depuis longtemps un militant social, qui met ses connaissances et son temps au service des autres : ancien syndicaliste, je tiens bénévolement la médiathèque de mon village, et milite dans le secteur « banque, crédit » d’une association de consommateurs agréée nationalement notamment sur la prévention et le traitement du surendettement. Je suis convaincu que la solidarité, l’échange, le lien social, le respect de l’autre sont des éléments susceptibles de contribuer à une société apaisée et évidemment, j’ai le souci prioritaire d’aider les plus fragiles à y trouver ou retrouver leur place. Je me sens donc en phase avec le projet.

Mon rôle est simple à tenir, je raconte une partie de ma vie sans fioritures, mais cela demeure une petite épreuve car les évènements ne sont pas forcément plaisants et l’envie serait, si cela était possible de les effacer de la mémoire plutôt que de les évoquer …

En même temps, le soutien de chacun est réel : représentants de l’association, de l’Administration Pénitentiaire et « infracteurs » ; au final, c’est assez libérateur pour la personne victime que j’étais d’être en capacité de raconter un évènement et de tenter d’en devenir un témoin un peu distancié.

Pour moi, c’est une expérience positive qui efface mes hésitations, mes craintes, mes préjugés, j’ai rencontré des êtres humains attentifs et chaleureux. J’ai découvert aussi une façon inhabituelle pour moi d’avoir une « petite utilité sociale ».

C’est évidemment la qualité de ce contact avec les infracteurs qui motive à s’investir, les échanges sont francs et directs, il y a une prise de conscience générale des dégâts collatéraux parfois non envisagés. Cette compréhension se traduit par un geste, un mot, un sourire, une poignée de main appuyée…et cela suffit pour que le courant passe et que chacun soit convaincu de l’utilité de la démarche…

Je conclus en confirmant que c’est aussi pour moi une expérience positive, rassurante et apaisante. J’exprime aux représentants de l’association mon admiration pour la qualité de leur investissement et je remercie l’Administration Pénitentiaire d’ouvrir ainsi aux infracteurs l’espoir, la perspective d’une autre vie.

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