Le concept de Justice Restaurative
La « justice restaurative » fait partie de ces nouveaux « concepts » qui n’ont de « nouveau » que leur nom un peu étrange…
Non, il ne s’agit pas de « restauration » au sens gastronomique. Plus simplement, on pourrait parler de « réparation » si les humains pouvaient se réparer comme des objets et redevenir quasi neufs et pimpants comme à leur état originel.
Or, on sait bien qu’il n’en est rien : une personne ne se répare pas, au mieux elle se restaure dans sa dignité, son estime de soi, sa confiance en la vie, comme on restaure une œuvre d’art sans avoir la prétention de lui redonner son éclat originel.
Cette justice relève d’un nouveau regard sur la personne infracteur, la personne victime et la communauté (au sens large) à laquelle ils appartiennent. De façon un peu schématique et partielle, on pourrait rapprocher notre justice traditionnelle dite pénale ou « rétributive » avec cette justice dite « restaurative » en mettant en relief leur complémentarité :
Ce petit tableau éclaire la nouveauté du point de vue adopté pour régler les conflits, les infractions et les crimes. La Justice Restaurative ne se substitue pas à la justice traditionnelle, mais peut l’accompagner en amont comme en aval, hors ou à l’intérieur des prisons. Approche déjà coutumière dans certaines sociétés comme en Afrique du Sud, en Nouvelle Zélande ou en Calédonie. Pour l’instant, le justice restaurative est un phénomène essentiellement anglo-saxon (Etats-Unis, Grande Bretagne et Canada,) et l’un de ses pionniers les plus influents est Howard Zehr. En France, Robert Cario de l’IFJR (Institut français de justice restaurative) en a été le théoricien et promoteur.
La justice restaurative est entrée dans la loi française le 15 août 2014, portée par le soutien de la Plateforme de Justice Restaurative (PJR) présidée par l’aumônier national protestant des prisons, Brice Deymié, l’IFJR et France Victimes. Plusieurs associations, telles que l’ARCA, Citoyens et Justice, participent à la progression de l’application de la justice restaurative. L’administration pénitentiaire peut choisir entre divers programmes portés par ces associations.
Le programme Sycomore accompagne les personnes détenues sur une durée de six semaines et leur donne l’opportunité de rencontrer des personnes victimes deux fois : à la troisième et à la dernière séance, d’abord pour écouter les témoignages des personnes victimes, puis au terme du processus pour présenter à ces dernières un acte de « restitution » (ou réparation). A la suite de James Jones, évêque de Liverpool et des prisons, demandons-nous : « Les prisons sont-elles des entrepôts pour les incorrigibles ou des serres pour les rachetables ? ».
N’oublions pas que ce travail restauratif bénéficie non seulement aux personnes infracteurs, mais encore aux personnes victimes et à la communauté tout entière !
La personne victime reste bien au cœur de la justice restaurative.
Aude Siméon